metronewsLes bonnes intentions ne font pas toujours de bons films. Pire, elles créent parfois des aberrations cinématographiques retentissantes, à l'instar d'Un amour d'hiver, adaptation du best-seller de Mark Helprin publié en 1983. Derrière ce joli titre se cachait pourtant la promesse d'un spectacle romanesque, avec son lot de baisers fougueux saupoudrés de flocons de neige. Revoyez hélas vos espoirs à la baisse puisque le long métrage en question embrasse le ridicule de manière outrageusement décomplexée.
Scénariste prisé par Hollywood pour avoir notamment signé les trames de Da Vinci Code ou Je suis une légende, Akiva Goldsman fait ici ses premiers pas derrière la caméra. A sa disposition ? Un budget confortable de 60 millions de billets verts, le directeur de photographie Caleb Deschanel et un casting cinq étoiles réunissant Colin Farrell, Jessica Brown Findlay, Russell Crowe, Jennifer Connelly et Will Smith. Sur le papier, tous les éléments étaient donc réunis pour concocter une recette sinon agréable, du moins tolérable.
Maelström givrant
Rien ne pouvait pourtant préparer le spectateur à un tel naufrage. Ce qu'on croyait être un drame d'époque s'est mué, aux dépens de tous, en une terrible comédie où l'on rit de honte, d'embarras et, parfois, à gorge superbement déployée. L'action se situe à New York au tout début du XXème siècle. Peter Lake (Farrell), notre héros (et voleur) à la coiffure risible, tombe amoureux de Beverly Penn (Brown Findlay), une rousse condamnée par la maladie. Parallèlement, il tente de repousser les affronts méphistophéliques de son mentor (Crowe).
A vue de nez, l'intrigue a l'air simpliste mais elle est beaucoup plus retorse qu'elle n'y paraît. En réalité, pour faire triompher le bien et l'amour, Peter va voyager dans le temps, à l'aide notamment d'un cheval ailé. Et défier les forces des ténèbres – Lucifer est incarné par Will Smith en boucles d'oreille et t-shirt Jimmy Hendrix (ceci n'est pas une blague). Ce n'est qu'en arrivant à recréer un miracle que Peter pourra accrocher son étoile dans le ciel et convaincre le spectateur que l'homme fait partie d'une cohorte d'univers parallèles inter-connectés. Si, si.
Indigestions visuelle et émotionnelle
Cette lutte du bien contre le mal, cette réflexion de comptoir sur le karma, cette histoire de cœur en hiver... Toute cette tambouille n'existe jamais à l'écran, pas même de façon théorique. Les intentions sont toujours noyées par des acteurs cabotins qui multiplient les grands moments de solitude, les effets spéciaux kitschissimes, les décors en carton-pâte et les répliques à dormir dans un igloo sans peau de bête. Le nanar aurait certes pu être attendrissant. Hélas, il est purement désespérant.
http://www.metronews.fr/culture/un-amour-d-hiver-chronique-d-une-daube-enneigee/mnck!IaR04xCI1NDQ/le monde:Scénariste de films à succès tels que Je suis une légende ou Un Homme d'Exception, Akiva Goldsman passe à la réalisation pour la première fois. Adapté du livre de Mark Helprin (Winter's Tale), son film est une romance à travers les âges, qui démarre dans le New York du XIXe siècle. Peter, un cambrioleur, s'éprend d'une riche héritière. Mais atteinte de tuberculose, elle décède. Traqué par son mentor maléfique et propulsé dans le temps, Peter erre, amnésique, dans le New York contemporain. Sa rencontre avec une mère et sa fille lui permet de renouer avec le souvenir de son amour perdu et de se découvrir des pouvoirs surnaturels.
Aussi improbable sur le papier qu'à l'écran, cette bluette mièvre, dégoulinante de musique sirupeuse et d'effets spéciaux désuets qui nous feraient presque regretter les grandes heures de la série « Buffy contre les vampires », ne prend jamais. Ce n'est pas faute d'avoir réuni un casting séduisant. Mais, jouant l'affliction et le deuil à longueur de film, les personnages manquent cruellement de relief. Russell Crowe, en premier lieu, qui compose un méchant monolithique.
UN FOUR AUX ÉTATS-UNIS
De cette histoire d'amour éternelle que le réalisateur voudrait nous rendre sensible, ne subsiste qu'un squelette aussi translucide que sa mise en scène, qui se borne davantage ici à une mise en images. Surannée, sans souffle, boursouflée par un déluge de sentiments sublimes auxquels on voudrait croire sans jamais y parvenir, cette réalisation a été sanctionnée par un four lors de sa sortie aux Etats-Unis. Il est malheureusement fort probable que le même sort lui soit réservé en France. Ce, en dépit de la présence au générique de l'actrice hitchcockienne Eva Marie Saint (La Mort aux Trousses), seul miracle d'un film qui – ayant beau continuellement en parler –, en est totalement dépourvu.
http://www.lemonde.fr/culture/article/2014/03/11/un-amour-d-hiver-la-mievrerie-a-travers-les-siecles_4380580_3246.html